jeudi 26 mai 2011

Once upon a time

C'est l'histoire d'une jolie écharpe mêlant avec talent des tons chauds pour réaliser de jolis motifs, d'une écharpe toute douce offerte à ma prédécesseuse par son papa, d'une écharpe beaucoup aimée dont la maîtresse n'est malheureusement étourdie que pour deux choses : les gants... et les écharpes, ou plus précisément, celle-ci.

                                                                                                                                 

C'est une histoire intimement liée à Oxford et Cambridge, une histoire qui commence dans l'effroyable et nauséeux bus X5 reliant les deux villes et à peu près tous les villages placés sur une courbe sinueuse et aléatoire entre les cités. Ma prédécesseuse, lorsqu'elle est venue ici en même temps que le Parisien, a bien entendu dû prendre son courage à deux mains et résister avec stoïsme et baladeur réconfortant aux secousses du trajet. A tel point qu'une fois arrivée, incroyablement soulagée, elle a sauté hors du bus, attrapant son manteau, son sac à dos... Mais pas son écharpe, ce dont elle se rendra compte trop tard.

Elle a ainsi appris que les objets perdus du X5 ne se retrouvent ni à Cambridge ni à Oxford, ce qui aurait été commode, non, ils sont gentiment stockés à Bedford, à une demi-heure de Cambridge. Dépitée, effondrée de la perte de son écharpe adorée malgré la modeste étole blanche que le Parisien et moi lui avions offerte en guise de consolation, elle a cependant eu la chance de compter parmi ses collègues une jeune thésarde dont l'amoureux réside à Cambridge où elle se rend donc régulièrement... En voiture, ce qui lui a permis un détour facile pour récupérer le bien de ma prédécesseuse.

Triple ouf. Mais l'histoire ne s'arrête pas là.


Car ma prédécesseuse est revenue à Cambridge le week-end dernier, heureusement assez patraque et frissonnante à cause d'un vilain rhume pour avoir gardé son écharpe sur elle pendant tout le trajet en bus. Son écharpe est donc descendue avec elle du terrible véhicule. Cependant, le lendemain, avant de nous rendre à Grantchester, nous devions aller faire une commission pour son papa qui lui avait commandé une sorte de bible mathématique sans doute aussi grosse que toutes les copies de maths des candidats à l'école des Mines de Paris réunies depuis la création du concours. Dans la librairie Cambride University Press, elle a fait tomber son écharpe, ce dont ni elle ni moi ne nous sommes aperçues, attribuant l'absence de son écharpe remarquée plus tard dans l'après-midi à son oubli chez moi. Que nenni.

En réalité, le soir, il nous a été impossible de remettre la main sur l'écharpe, événement contrariant ma prédécesseuse et moi aussi même si j'étais plutôt choquée d'avoir entendu des amis de mon coloc parler de "ces Français, éduqués massivement". [Et d'une, ce ne serait pas un mal d'éduquer tout le monde, vils élitistes ; Et de deux, en vrai, en France, y'a encore du travail à faire, et nous sommes sacrément élitistes... M'enfin, passons, ils avaient ptêt bu trop de vin. Rouge d'ailleurs.] D'autant plus que nous ne savions pas où l'écharpe pouvait être. Heureusement ma perspicace prédécesseuse, étourdie parfois mais d'esprit vif le reste du temps ce qui est presque tout le temps, a émis deux hypothèses, celle du centre commercial où nous sommes allées aux toilettes, et celle de la librairie, que nous avons éprouvées le dimanche.



Le centre commercial en question possédait bien un bureau de renseignements, situé au quatrième étage d'un bâtiment ne contenant que deux étages de magasins, accessible par de multiples virages dans des couloirs dénudés et gris. Trouver la bonne porte a déjà été une petite victoire, mais pas une grande, non, l'écharpe n'avait pas atterri là. La librairie, ultime espoir de ma prédécesseuse, était exceptionnellement fermée ce jour-là.

La mort dans l'âme, ma précédesseuse a dû reprendre le bus vers Oxford dans son bout de tissu préféré si on oublie son magnifique pull épais en laine à grosses côtes. Pour ma part, j'avais pour mission de retourner à la librairie. J'y suis allée un midi après avoir acheté The Big Issue à mon vendeur qui venait de m'expliquer qu'il avait discuté avec une étudiante polonaise charmante ayant apparemment illuminé sa journée. Sa bonne étoile a dû s'accrocher à moi... J'ai récupéré l'écharpe.

Son destin repose entre mes mains jusqu'à ce que je revois ma prédécesseuse de l'autre côté de la Manche, j'en suis toute émue. Et je suis ravie de son soulagement, rejoignant sa collègue thésarde dans les rangs des sauveuses de l'écharpe. J'ignore si elle sera aussi forever grateful envers moi comme elle a dit l'être envers sa collègue dans un objet de courriel. Je suis de toutes façons aussi contente que ces petits de maternelle responsables de la mascotte peluche de leur classe pour le week-end.
Cette écharpe, elle, n'a pas de nom, mais déjà une sacrée histoire.

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