Ash wonders

Cette semaine, le début du Carême aura été célébré par le mercredi des cendres. Ce jour particulier aura bien entendu été pour moi une occasion d'aller me faire signer à la messe, mais aussi de découvrir l'existence d'un gugus californien essayant de guérir les chênes de "ma" maladie notamment à l'aide de cendres. L'autoproclamé scientifique indépendant et praticien holistique, plutôt beau gosse, a sans aucun doute du bagout, en revanche, sa théorie me laisse plus sceptique, mais pas indifférente.

[Je suis une grosse vilaine car ce cliché n'a pas été pris à Cambridge en mars 2011, mais à Leipzig en juin ou juillet 2009. Le lien avec mon propos ? Les arbres...]

Je suis tombée sur le site-blog de cet original en scholar-googlant la gestion de la mort subite du chêne. Ouais, même en publiant des pdf sans journal scientifique, on peut être répertorié sur Google scholar, apparemment. Lalala. L'heure du déjeuner approchait, je crevais la dalle, alors j'étais assez contente de trouver quelque chose d'étrange à explorer.

Lee Klinger, qui a nommé son site Vie subite du chêne, prétend que contrairement à lui, les scientifiques de l'organisation californienne de lutte contre la mortalité du chêne ne s'intéresse qu'à la biologie de l'arbre ou du pathogène, pas à la forêt dans son intégralité. Même pas vrai. Je suis assez méfiante envers les gens se posant en ennemis d'un truc sans trop expliquer pourquoi. Ptêt qu'avec son doctorat en climatologie ou chimie atmosphérique, il n'a jamais été accepté parmi les écolos.

Il est certain que l'approche des scientifiques classiques diffère de celle de l'électron libre californien. En lisant son article, je me suis rappelée comment on pouvait se laisser bercer par les livres de Pierre Rabhi, ce penseur agriculteur français d'origine algérienne. Mais aussi, hélas, comment on peut se laisser berner par des histoires de charlatans - dans lesquels je ne classe pas Rabhi.

Je ne sais pas si Lee Klinger est vraiment un imposteur, mais je trouve qu'il vend un peut trop sa soupe. Je ne pense pas être une scientiste étroite d'esprit, mais en général, pour croire quelqu'un, j'ai besoin de savoir sur quoi il appuie son travail, et avec qui il collabore, car à défaut d'appartenir à un organisme de recherche, on peut travailler avec d'autres. C'est toujours mieux. Et comme son emploi est d'être consultant, je me doute que sa soupe, il a intérêt à la vendre.

Quelle est l'idée de Lee Klinger ? Hé bien, il faut arrêter de se concentrer sur la maladie seulement, si les forêts de chênes vont mal, c'est aussi parce que l'homme occidental est intervenu dedans, stoppant les incendies de gestion réalisés par les Indiens notamment. Du coup, les arbres sont ultra-serrés, se font concurrence et bouffent toutes les ressources.

Je suis d'accord, c'est mal. Mais dans les textes de gestion que j'ai lus, on parle aussi de l'importance de la densité des arbres, hein. Et quant à la technique de traitement des arbres en "imitant les incendies", id est en coupant des plantes autours des arbres et en répandant de la cendre fertilisante... Je doute qu'elle soit applicable à large échelle, et surtout; je demanderais bien son évaluation indépendante, par des gens ne l'ayant pas inventée et n'en vivant pas. Je sais, c'est méga à la mode de relever les conflits d'intérêts...

Cependant, je suis assez amusée par l'existence de la Vie subite du chêne, qui est une lecture rafraichissante. Cela me rappelle que des gens essaient de faire de la science en-dehors du mastodonte académique, ce qu'il est intéressant de savoir, même en étant du côté de la masse. Et puis, l'idée de traiter les forêts avec des méthodes écologiques, ça a de la classe, et ça m'évitera d'oublier dans mon modèle que les stratégies impliquant des produits chimiques de synthèse ne sont pas une panacée.