Saucisson party

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Mon premier jour de stage a d'abord été une série de démarches administratives plus ou moins ennuyeuses et stupides : être prise en photo deux fois, une fois par la réceptionniste pour je ne sais quoi, et une autre fois pour ma carte d'accès où j'ai gardé mon imperméable rose ce qui me donne l'air d'une soldate de la Marine du pays Barbie ; "lire" des formulaires de sécurité dont un sur les dangers du travail assis devant un ordi ; et caetera et caetera. J'ai ensuite eu un échange très enrichissant avec mon chef, et discuté avec mes collègues, très sympathiques et faciles d'accès. Cerise sur le gâteau, j'ai pu explorer quelques préjugés. Et les vérifier !

Le Français du groupe. Il n'est autre que l'ami d'un gars de ma promo de cette année qui m'avait bien dit qu'il avait un pote à Cambridge, sans savoir qu'il serait mon voisin de bureau. Cet étudiant volubile et passionné vient d'une école soeur d'Oulme. D'accord, aucun préjugé ne condamne toute grenouille hexagonale à faire ses études parmi des fous. Mais ne dit-on pas souvent que le monde est petit ? Nos établissements respectifs aussi, d'ailleurs. Ptêt que ç'aurait été plus étonnant à Umeå ou Oulu, mais j'm'en fiche, je trouve ça rigolo.


Les étudiants de Cambridge. Oui, il y a des passionnés d'aviron dans le coin. Le doctorant qui m'avait accueillie vendredi, et qui ressemble un peu à Sa Majesté, doit sa largeur d'épaules à six séances d'entraînement par semaine. Six comme les six compagnons de la Croix rousse. Un autre thésard du groupe, tout aussi baraque, rame dix fois par semaine. Dix comme les dix commandements. Et en Angleterre, les semaines comptent bien sept jours, hein...


La soirée organisée par le Français du groupe. Saucisson party ! A ne pas confondre avec une sausage feast, qui serait une soirée ratée parce que la gent masculine serait en surnombre. Subtile expression, n'est-ce pas ? En tout cas, les deux rameurs acharnés nous ont expliqué la possible confusion. Cette saucisson party a eu lieu parce que le Français voulait faire goûter à ses amis du saucisson rapporté de Savoie, avec du vin rouge évidemment, et blanc aussi, trop bien, j'aime pas le rouge (anti-cliché !). Et j'y ai été invitée en guise de déco française. Nan c'est pas vrai, je suis tout simplement choyée par mes collègues. J'avais demandé à notre hôte s'il avait des verres, ce à quoi il m'avait répondu "On va se débrouiller". Tadaaa, mon esprit de fille bien éduquée (cliché !) m'a fait acheter des gobelets en plastiques bienvenus car le jeune homme n'a pas de vaisselle. Je me demande dans quelle catégorie de préjugés rentrerait le concept d'une soirée dégustation de saucisson et absorption vin au goulot...


La culture des blondes. En l'occurrence, ma culture. Je ne suis pas Paris Hilton, cependant, même si ma soeur doit posséder quelques clichés compromettants d'un déguisement stupide, ahem. Malgré tout, j'ai parfois des références people extrêmement superficielles. En discutant avec un doctorant britannique, j'ai tiqué à son "what else" en lui disant que la publicité de Nespresso était trop rentrée dans mon esprit. Il ne la connaissait pas, apparemment, y'a pas de télé ou d'affiches sur les avirons. Je la lui ai présentée, il a trouvé normal que George Clooney soit l'image d'une machine de luxe. Je lui ai signalé que quand même, l'acteur avait vécu avec un cochon vietnamien partageant même son lit, croyant naïvement qu'il s'agissait là d'un lieu commun... Pas du tout, mon interlocuteur a dû sortir son téléphone Pomme intelligent et vérifier mes dires avant de les répéter aux trois autres personnes dégustant du saucisson... Ah là là, dans quelles profondeurs de paganisme ne faut-il pas descendre pour briller en société. Comme si ces débilités m'intéressaient.

Comme si je croyais aux clichés...