samedi 26 février 2011

A Hand Up Not A Handout

[Proposer plutôt que mendier, quoi.]

Quand on a la chance de ne pas travailler le week-end, le samedi est une journée remplie d'opportunités, et beaucoup d'habitants de Cambridge se retrouve dans la cité pour s'y promener, aller boire un verre ou une tasse, faire du lèche-vitrine... Mais pas seulement.

Le samedi est le meilleur jour de ventes de The Big Issue, le magazine hebodmadaire des sans-abris britanniques. Je tiens cette information de mon vendeur bientôt habituel à qui j'ai décidé de prendre un numéro chaque lundi. Deux livres, le prix de The Guardian week-end edition, de dix quotidiens i, ou de deux cookies du marché. Mais surtout, un petit geste de solidarité avec une chouette lecture à la clé.

"Mon" vendeur m'a dit que le succès du samedi était dû à la venue en ville de gens habitant les alentours de Cambridge. Au milieu de tous les petites joies que le week-end apportent aux gens gâtés par la vie - dont je fais bien souvent partie, ça ne m'étonne pas que beaucoup prennent la peine de se procurer un exemplaire du magazine. En effet, les bons prétextes pour le faire ne manquent pas.


Déjà, on peut tomber sur un vendeur agréablement bavard, comme le "mien", qui a une fois décidé de me taper la causette sur son étonnement face aux femmes enceintes fumant. Evidemment, en tant qu'expatriée sans tissu social très serré, je ne manque pas de temps pour être attentive, donc ça m'aide à apprécier ceci. Et même si "mon" vendeur a des phrases toutes faites comme "Have you had a nice day?" et sa propre réponse "Well, not bad, really", je le sens plus sincère que les caissiers de Sainsburry récitant "How are you?", et sa voix chantante est un vrai plaisir à entendre.

Ensuite, le magazine est vraiment intéressant, il me séduit autant que son homologue de Göteborg. J'aime lire le premier article, qui est une lettre écrite par une personnalité à elle-même plus jeune, j'aime regarder quelles nouvelles du monde sont rapidement données, j'aime m'intéresser articles de fond toujours courts et bien menés, j'aime découvrir les colonnes éthiques. Je ne suis certainement pas spécialiste de la presse, mais je sais reconnaître un papier dépassant les tabloïdes, et fournissant une lecture pas idiote, tout en donnant des infos parfois amusantes. Le petit Justin Bieber aurait récemment confier essayer de nouvelles coiffures...


Enfin, évidemment, se délester de deux misérables piécettes est oeuvre pour une bonne cause. Le vendeur récupère une livre sur chaque magazine, ça n'est sans aucun doute pas rien pour lui. Alors que moi, toute aussi radine que je puisse être, on peut bien me prendre de petites sommes d'un coup comme ceci, ça ne me fait même pas mal, surtout que ça signifie être généreuse avec retour.

Et généreuse sans retour ? En essayant parfois, et sans le vouloir d'autre fois... La semaine dernière, j'ai eu l'occasion d'y réfléchir, quand un sans-abri du centre en était réduit à vendre un petit paquet de numéros de la première semaine de janvier, ce dont il ne se cachait pas. Je n'ai pas eu trop le temps de réfléchir, alors tant pis, j'ai fait ce qui se résume à un don. A posteriori, je me suis dit que le bougre était sans doute à la dêche, et que ce genre d'actes ratés de ma part me transformait ptêt en pigeon, mais en gentil pigeon. Evidemment, je n'ai pas très envie de le refaire, car ça détruit le symbole de The Big Issue comme sortant les sans-abris de la mendicité. Mais des erreurs de parcours, comme le souligne parfois le rédacteur en chef du magazine, ça arrive, avec des personnes si vulnérables. Et des filles distraites comme moi.

Cependant, après tout, me questionner ensuite sur ce que je devrais donner ou pas, ça me secoue un peu, empêtrée que je pourrais être dans ma vie insouciante. Je n'ai pas lu le vieux magazine, mais je sais mieux maintenant où je place le juste. Avant d'être interpellée de nouveau, peut-être par un article de The Big Issue...

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