mercredi 15 juin 2011

The Hoody Guy

A côté de Margaret et Margaret, je retrouve chaque matin à la piscine à peu près les mêmes personnes, pour la plupart aux cheveux gris : le monsieur souriant au ventre énorme dans un survêtement gris très laid, l'énergique retraitée qui affiche une silhouette élancée, le couple très mignon arrivant avec chacun à la main un sac beige du même magasin,  la jeune Australienne pas bien réveillée, l'homme en costume avec un sac à dos qui cloche... Et puis le type qui me fout les jetons.


 Avant, il arrivait vers 7h30 au bord du bassin, et restait assis sur le carrelage un certain temps, fixant le vide avec intensité avant de se jeter dans l'eau en l'eau en compagnie de sa petite planche bleue. Je crois qu'avoir de longues jambes fines est extrêmement pratique pour avancer avec ça, en tout cas, ce type est un bolide, même sur le dos d'ailleurs, ce qui lui valu de me rentrer dedans plusieurs fois. Déjà à l'époque, j'avais peur de lui, non pas à cause de ces chocs plutôt peu violents, mais à cause de son regard vague associé à un visage pas très avenant.


Et puis il s'est mis à venir plus tôt à la piscine, juste avant l'ouverture comme tout le reste de la bande habituelle. J'avoue ne pas l'avoir reconnu tout de suite en civil, mais ce longiligne et nouveau bonhomme aux yeux perdus m'a vite intriguée, et pouf, j'ai fait le lien. Et j'ai frémi. Il portait une capuche. Capuche et regard étrange, un cocktail terrifiant dans cette ville.

Car depuis quelques temps à Cambridge sévit un violeur dont on connaît juste la technique - nuit noire, attaque à vélo par derrière - et un portrait-robot - rien de spécial, à part... Une capuche. Non, le gugus de la piscine n'est pas la copie du portrait-robot, je n'ai aucune raison de le soupçonner. Seulement voilà, à force de voir partout les affiches du vilain qui a incité les colleges à créer un système de protection [Toute étudiante apeurée un soir peut se pointer dans n'importe quel college pour faire appeler un taxi ensuite remboursé par son college.],  j'associe capuche et raison d'aller se cacher. 

Qu'on se rassure, je ne suis pas tant que ça apeurée, je ne suis pas stupide non plus, et je n'ai pas spécialement envie d'être à l'origine d'une Hoodie Walk sur le modèle de la Slut Walk en opposition à mon association erronée. Si ça se trouve, le gugus est adorable. N'empêche que ce que je vois de lui dès 7 heures, des yeux effrayants à l'ombre d'une capuche, hé bé ça m'impressionne un peu.

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