samedi 4 juin 2011

Cambridge University Admission

Dans l'autre Bretagne, les lycéens doivent soumettre dès octobre de leur dernière année d'études la liste de leurs cinq voeux de cursus et d'universités, commençant ainsi un processus d'admission dont le résultat dépend d'abord de leurs notes prévisionnelles évaluées par d'habiles statistiques, puis de leurs vraies notes, avec tout ce qu'on peut imaginer de vagues de propositions, et de choix stratégiques à faire. La fille aînée de mon maître de stage devra s'y coller dans quelques mois, et du coup, leur petite famille part régulièrement en vadrouille visiter des universités, hors des portes ouvertes afin d'en avoir une vision plus neutre. Moi je me souviens que les portes ouvertes du lycée Chateaubriand de Rennes où je ne suis finalement pas allée n'étaient pas une présentation parfaite, le gugus qui m'avait fait visiter sa piaule avait laissé son caleçon sale traîner au milieu de la pièce, j'avais admiré une carte géologique en attendant qu'il le range pas très discrètement. Bref.

Tout ça m'a fait me poser des questions sur les admissions à Cambridge, d'autant plus intéressantes que l'université d'élite est sous le feu des projecteurs dès que le sujet brûlant de l'ascension sociale et de l'égalité des chances est lancé dans l'arène.


L'élément particulier d'une candidature à Cambridge, outre le fait que l'on peut se dire qu'on postule pour l'une des universités les plus prestigieuses du pays et même du monde, est qu'il faut choisir l'un des colleges, ou pas d'ailleurs, on peut faire une candidature libre. Cependant, ça reste une décision à prendre, j'avais déjà parlé ici des différents critères dont on m'a parlé. J'ai lu sur le site de l'université que les colleges comparent entre eux les candidatures qu'ils reçoivent, afin de se faire une idée du niveau de l'année. Et, information rassurante, qu'on peut se faire bouler du college demandé... Et recevoir une proposition d'un autre college. Les gens choisissant la candidature libre voient leur dossier envoyé à un college pas vraiment au hasard, l'université cherche à équilibrer les effectifs de chaque matière dans les affectations aux colleges.

Et maintenant, comment l'égalité des chances peut-elle s'inscrire dans le système ? Financièrement, déjà, ça n'est pas gagné, avec tout le fric qu'il faut débourser pour obtenir un diplôme ici. Le chef de mon groupe de recherche, qui est fellow à King's college, m'a cependant assuré que de nombreuses bourses étaient offertes par les colleges, ce que confirme ce site, et aussi le fait que ma coloc ait choisi son college actuel parce qu'il était capable de l'aider financièrement, même si elle s'est débrouillée autrement au final. L'université elle-même donne des bourses aux personnes dont le foyer d'origine touche moins d'une certaine somme par an, bourses qui ne couvrent pas tous les frais, puisque 3000 livres par an, ce sera le tiers des frais d'inscriptions uniquement.

Mais c'est déjà ça. ça pourrait être pire. J'avoue ne pas être totalement convaincue de tout cela, à vrai dire, pour moi, les études pourraient être moins chères. J'ai décidé d'être persuadée que ce serait un bon pôle d'investissement de l'Etat, même si je n'ai pas mené d'analyse coût-bénéfice à ce sujet - je l'ai fait sur ma forêt.

En attendant un rebond socialiste de l'Angleterre, je tiens à préciser que je crois sincèrement que ça vaut le coup de faire des études, qu'il faut y encourager ceux à qui ça conviendrait, quel que soit leur milieu social. Quel que soit leur milieu social...


Là est tout le problème, évidemment. Le gouvernement britannique, croyant se sortir par une habile pirouette de la m***e de réputation où il s'est foutu en faisant augmenter les frais d'inscriptions aux universités, a dit que tout établissement demandant le montant maximal à ses étudiants devait augmenter dans ses rangs le nombre d'étudiants issus de milieux modestes.

Cambridge ne veut pas de quotas. Et je comprends bien. L'université renseigne les gens, essaie de briser les préjugés pour ne pas décourager les bons profils... Mais malgré tout, l'université accueille plus d'anciens élèves d'écoles privées que d'écoles publiques. ça n'a rien d'étonnant, le retard a eu le temps de bien se creuser entre les membres des deux systèmes. Je crois qu'on ne peut pas jeter des pierres sur Cambridge, ou Oxford au demeurant. Non, l'ascenseur social cahote bien plus tôt, et si aucune solution facile n'existe, ça n'empêche pas d'en chercher... Et en tant que gouvernement, de prendre ses responsabilités.

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