lundi 6 juin 2011

Buying papers

Au bout de quelques mois, on ne s'étonnera pas que j'ai quelques habitudes... En réalité, je les ai même prises très vite, et ça ne se justifie pas vraiment, ça s'explique juste par mon besoin de m'entourer de rituels, de repères, de me créer sans tarder un cadre de vie, tant pis si ça me donne un air légèrement psychopathe. Dans ces points d'accroche que j'ai dévéloppés à Cambridge, il y a mes marchands de journaux, celui de The Big Issue, et ceux d'i.

Mon vendeur de The Big Issue, que je ne crois pas posséder mais auquel je me suis attachée, tient une place toute particulière dans ma vie.

Chaque semaine, dès le lundi, ou le mardi si je suis malchanceuse, je tiens à lui prendre un numéro de son intéressant magazine et à échanger quelques mots avec lui, si ce n'est que pour répondre à sa gentille question habituelle de prise de nouvelles ou constater qu'il aime discuter et qu'il a de la conversation, justement.

Je ne le considère pas comme mon protégé, je n'ai pas l'impression de donner de l'argent à un mendiant, même s'il est bien content d'avoir un client. Non, je le trouve juste vraiment gentil, et je suis contente de le croiser le reste de la semaine, le midi devant la Poste, l'après-midi un peu plus loin.

Quand je lui achèterai l'hebdomadaire pour la dernière fois, je ne manquerai pas de lui dire au revoir, de lui souhaiter bonne continuation, et je serai un peu triste de savoir qu'il disparaît de mon horizon.

Et aussi, je serai sacrément déçue à l'idée de retrouver l'homologue français du magazine et ses maladroites remarques pro-Allègre ou pro-Ahmadinejad. Ptêt qu'il se sera amélioré, qui sait.


Je n'ai pas cette affection innée pour les trois vendeurs tournants à qui j'achète i sur mon chemin entre la piscine et le travail, dans un Newsagent classique, bureau de presse vendant la presse et des en-cas sucrés ou salés, ainsi que des boissons chaudes à emporter.

Ils ne sont à vrai dire ni bavards ni souriants, ils sont plutôt minimalistes, mais après tout, ça me va bien, je sais à l'avance quels mots je vais devoir prononcer, aucune variation n'apparaissant jamais dans le "Good morning, thank you, goodbye" matinal. A tel point que le reste semble réglé aussi, je les ai conditionnés à quasiment toujours avoir l'appoint, 20 centimes donc, et une des rares fois où j'avais une pièce de cinquante centimes ou d'une livre, l'un d'entre eux ne pensait même pas à me rendre la monnaie.  Et à tel point que les deux fois où mon banlieusard préféré m'a rendu visite et que nous achetions deux exemplaires de i sur le chemin de la gare, le vendeur était sacrément perplexe. Le schéma est ancré dans leur tête et la mienne, à tel point que j'aurai au moins une bonne excuse pour ne pas leur faire d'adieux : ça les perturberait trop.

2 commentaires:

  1. le gars était peutêtre aussi perplexe que vous achetiez deux fois le même magazine alors qu'il n'y a pas de nombre de lectures limitées! j'aurais été perplexe aussi, et vous aurez surement suggéré de partager le même!

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  2. Oui mais nous ne pouvions pas le partager, je ne prenais pas le train, moi ;o)

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